lundi 29 novembre 2010

Attention, gaz à tous les étages !

Mon premier vrai billet portera donc sur le gros buzz du jour, à savoir la diffusion de statelogs par Wikileaks.
Pour les gens qui vivent au fond d’une grotte, je rappelle brièvement les faits : Wikileaks est un wiki d’information, dont le grand principe est la révélation de dossiers plus ou moins sensibles, grâce à des informateurs qui restent anonymes. En d’autres termes, le rêve (ou le cauchemar) de tous les amateurs de la théorie du complot qui ne demandent qu’à avoir accès à des documents top secrets, la hantise de tous les puissants qui ont du mal à se sentir serein au quotidien, bref, presque tout le monde a droit de donner son avis sur la question.

Ce qui secoue le monde diplomatique depuis ce matin, c’est la diffusion par Wikileaks de plus de 250.000 télégrammes diplomatiques1 en provenance du gouvernement des Etats Unis, à destination de différentes ambassades situées partout dans le monde. Ces documents, récupérés sur SIPRNet (un réseau TCP/IP ultra sécurisé utilisé par le département de la défense des Etats Unis pour communiquer avec le département d’état des Etats Unis), peuvent dater de 1966 à mars 2010. Ils traitent d’un nombre assez énorme de sujets, en particulier, et c’est ce qui a été repéré pour le moment, d’une demande aux ambassadeurs américains de jouer les espions dans leurs pays respectifs. Le dossier du nucléaire iranien est également concerné, ainsi que les attaques informatiques de la Chine contre Google. Plus rigolo, un certain nombre de ces télégrammes se moquent ouvertement de pays entiers, tels que la France2. Un peu d’autodérision, que diable ! On ose quand même manger des grenouilles et des escargots !

L’affaire étant résumée à présent (très brièvement je vous l’accorde), je tiens à signaler que Wikileaks a merdé. Totalement même. Oui, je suis pour la liberté de l’information, et l’idée que des documents confidentiels et secrets3 datant d’avant 2000 soient révélés ne peuvent que me réjouir. Quelques rapports croustillants quant à la Corée du Nord, l’URSS, le Viêt-Nam ne seront que des pièces d’histoire supplémentaires dont le peuple doit avoir connaissance. Non, là où Wikileaks a merdé, c’est que des affaires de moins de dix ans, concernant des personnels encore en place à l’heure actuelle, ont été révélées.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’outre le tonnerre diplomatique que la diffusion de ces télégrammes va provoquer (allez faire confiance à un ambassadeur qui est censé vous espionner, vous…), dans les pays les plus sensibles des personnes sont mises en danger. Je pense à l’Iran, à la Russie4, à la Corée du Nord, et j’en passe. Et encore, j’ose imaginer que ces messages n’impliquent que des diplomates, ainsi que j’ai pu le lire5. Imaginez que de véritables espions soient désignés, même à demi-mot… Des vies humaines seraient mises en danger, la sécurité nationale de pays pourrait l’être également (pas pour rien que ces dossiers étaient classés secrets)

D’où une interrogation qui me vient à présent, et qui devrait en interpeller plus d’un : peut-on mettre en danger des vies, voire une nation, pour la liberté de l’information ?


3 Il existe trois niveaux différents de confidentialité aux Etats Unis, du plus faible au plus fort, confidentiel, secret, et top secret. Les informations top secrètes ne circulant pas sur SIPRNet, cela explique pourquoi, à priori, Wikileaks ne détient aucun dossier d’une telle sorte.
4 Qui a toujours du polonium à offrir aux gêneurs. Source : http://www.liberation.fr/monde/010114589-alexandre-litvinenko-empoisonne-par-du-polonium

Autres sources :
http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/
http://lu.cx/-Fq2lB

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